"Don Royer" : Zoom sur les collections Jourdan et Kélian

Le don Royer compte quelque 2600 modèles, déclinés en pieds ou en paires : 1800 modèles proviennent du musée privé Charles Jourdan, sauvegardés à la fermeture du site en 2007 ; et 800 de l’entreprise Stéphane Kélian fermée en 2005.

La collection Jourdan

Les modèles les plus anciens sont griffés "Séducta", marque lancée par Charles Jourdan en 1921 avec, notamment, une ligne "Jeune fille" conçue pour le pied de l’adolescente au début des années 60. À la fin des années 50, en signant un contrat de licence avec Christian Dior (qui durera 30 ans), Charles Jourdan se hisse au premier rang de la Haute Couture. Les souliers, d’un grand raffinement, sont griffés "Christian Dior par Roger Vivier" ou "Christian Dior souliers".

Dans les années 70, des modèles griffés "Charles Jourdan Design" montrent la volonté de la marque de développer une ligne plus jeune, plus moderne et décontractée. La décennie suivante, "Charles Jourdan bis", ligne moyen de gamme, répond aux attentes du marché américain.

Au milieu des années 80, des souliers Haute Couture sont créés, une gamme de luxe avec des broderies Lesage.

Dans les années 90, des modèles témoignent de la collaboration de Charles Jourdan avec le créateur Michel Perry ou le couturier Karl Lagerfeld.

Dans les décennies suivantes, l’entreprise fait appel à des créateurs de renom : les modèles sont dessinés par Patrick Cox, Josephus Melchior Thimister, Alexandra Neel, Ernesto Esposito. Quelques modèles Charles Jourdan Monsieur rappelle que la marque a aussi réalisé des chaussures de qualité pour l’homme actif et élégant. On dénombre également plus de 300 formes en bois ou modèles reproducteurs, pièces maîtresses déclinées ensuite dans l’usine en série.

La collection Kélian

Les modèles issus de ce don datent de la fin des années 70 à l’été 2014. Ce don exceptionnel, par son nombre et sa représentativité, vient compléter et enrichir le fonds existant. Le cuir tressé, savoir-faire unique de la marque, est en effet bien représenté tant dans les modèles homme que femme : un cuir tressé serré, tapé, patiné, glacé, d’une très belle facture.

Les modèles témoignent des recherches créatives autour du tressé et du "passé-passé" ; les lanières sont tressées, torsadées, croisées, entremêlées. Ils relèvent d’une haute technicité, les finitions sont impeccables. Le don compte bon nombre d’autres modèles non tressés qui demandent encore du travail de recherche pour les identifier, les dater…

Evelyne Duclos-Neiertz

Evelyne Duclos-Neiertz a travaillé pendant 28 ans chez Jourdan où elle était devenue responsable du bureau de style avant d’assurer la fonction, en 2007, de directrice des collections au sein du groupe Royer ; ce dernier, après avoir ouvert un bureau de style à Bourg-de-Péage, avait lancé un atelier de fabrication dont l’activité a cessé fin février.

"Quand Jourdan a fermé, en 2007, j’ai tout fait pour que les collections, et notamment les modèles qui étaient conservés au sein du musée de l’entreprise, soient sauvegardées, explique Evelyne Duclos-Neiertz. Tout comme les collections Kélian, elles nous ont servi de sources d’inspiration pour de nouvelles créations mais surtout j’avais conscience de leur valeur patrimoniale et de la nécessité de les conserver à Romans. Aussi, dès que j’ai senti que la politique du groupe Royer changeait, j’ai suggéré qu’il fasse une donation au musée. Il aurait pu les mettre aux enchères mais il a trouvé légitime de rendre ce patrimoine à Romans… "